Cours en ligne N°11
Université ABOU BEKR BELKAID Tlemcen Faculté des sciences humaines et des sociales
Département des sciences sociales Filière : Anthropologie
Cours de Français en ligne
Destinés aux étudiants de Master1 Anthropologie sociale et culturelle
(2ème semestre)
Cours N°11
Comment classer les « autres » ?
Dès la fin du XV° siècle, l’Europe vit une période de bouleversements et de ruptures. La découverte de cultures radicalement différentes des sociétés européennes va contraindre les penseurs et philosophes à construire un discours anthropologique et à répondre à deux questions : « Où classer l’autre, le différent, le sauvage, par rapport à nous-mêmes ?
Comment articuler ce constat de deux formes radicalement différentes d’humanité et la version biblique de la création de l’homme ? ». D’une manière générale, dans les écrits philosophiques, l’unité de l’espèce humaine est généralement affirmée, et on pose les débuts du relativisme. Mais inutile de préciser que cette réponse philosophique n’inspire pas du tout les conquérants et les colons sur le sol du Nouveau Monde. En réalité, cette tolérance philosophique est plutôt une sorte d’universalisme inconscient. Ces « autres » ne sont ni connus ni véritablement à connaître dans leur singularité propre. Les qualités qui leur sont attribuées sont déduites, par inversion, des défauts de nos propres sociétés.
Ainsi, l’après-conquête (XVI° et XVIII° siècle) annonce une période de questionnement sur l’autre, mais, qui plus qu’une véritable curiosité, est en fait un prétexte pour discuter de sa propre société. C’est à cette époque que vont naître plusieurs mythes et figures qui existent encore aujourd’hui. La plus importante de ces figures est celle du « sauvage », figure liée à ce que l’on nomme « l’état de nature » : c’est-à-dire un état de la société humaine ou d’une société humaine, qui serait plus proche de la nature que notre société. L’histoire de l’homme sauvage est celle de l’homme dans sa relation à la nature. Donc un « sauvage » serait un individu proche de la nature, et non civilisé. Mais cette figure est ambivalente : elle peut être définie positivement, mais aussi négativement (les descriptions des populations amérindiennes oscillent en effet entre le « bon sauvage » insouciant et non « corrompu » par la vie sociale et l’être immoral et dangereux à « domestiquer »).
Pour conduire des peuples sauvages à la civilisation, on se réfère donc à un modèle éducatif selon lequel les « sauvages » sont des enfants que l’on doit aider à devenir adultes. Ces principes sont universaux, les « sauvages » ne sont en effet jamais appréhendés dans leur diversité culturelle mais toujours pensés globalement. Ces logiques vont largement contribuer à justifier l’esclavage en classant l’autre dans la catégorie des « objets ».
Questions :
1- Donnez l’idée générale du texte ?
2- Quelle était la principale cause des bouleversements vécus en Europe vers la fin du XV° siècle ?
3- Comment est définit le « sauvage » dans ce texte ?
4- Que veut dire le mot « Autres » dans le titre de ce texte ? et pourquoi ?
5- Quel est le sens de « l’universalisme inconscient » dans ce texte ?
6- Comment est généralement définie l’unité de l’espèce humaine dans les écrits philosophiques ?
7- Résumez ce passage en quelques lignes en prenant soin de reprendre les idées phares de ce texte ?