Leçon 9:Mayas, Aztèques : les peuples du Soleil

·         M.BENMEDJAHED 

·         Module français  

·         PROMO : Espagnole M1 civ .

·         Année 2023-2024 

Mayas, Aztèques : les peuples du Soleil

Malheur aux vaincus ! Mayas et Aztèques ont chèrement payé leur – mauvaise – rencontre avec les conquistadors. Les Indiens, médusés par la cupidité des hommes venus de l’Océan, se laissent décimer par les armes ou les maladies importées. Pire, ils sont ignorés : l’envahisseur passe à côté de leurs richesses culturelles sans même les soupçonner. Les Mayas mettent-ils au point une écriture hiéroglyphique ? Elle n’a pas encore été entièrement déchiffrée. Les Aztèques bâtissent-ils dans la vallée de Mexico l’immense cité de Tenochtitlán sur le modèle de Teotihuacán, « le lieu où les dieux sont nés » ? Il faudra attendre des lustres avant que l’on s’y intéresse vraiment.

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Oui, vraiment, malheur aux vaincus ! Elles ont pourtant tant à nous apprendre : une société où du Guatemala au Honduras actuels, les Mayas travaillaient avec brio la céramique, ou peaufinaient une arithmétique élaborée ; où les connaissances des savants aztèques en astronomie auraient sans nul doute impressionné Galilée.

Histoire de la civilisation Maya

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En traversant les contrées d’Amérique centrale, les conquistadores espagnols sont passés à proximité des plus grands centres mayas sans en soupçonner l’existence. L’Empire aztèque était alors à son apogée, et la civilisation maya en pleine décadence, ses grandes citées ayant été abandonnées cinq siècles auparavant.

Reconstituer l’histoire des Mayas est une quête difficile, car les manuscrits hiéroglyphiques ont quasiment tous été détruits par les prêtres espagnols au XVIème siècle. Seuls quatre codex ont traversé les âges. L’étude de la civilisation maya a pu se faire grâce aux fouilles d’une centaine de sites archéologiques dégagés de la végétation tropicale et par l’observation ethnologique des populations actuelles telles que les Lacandons qui ont su préserver d’anciennes coutumes.

 

Géographie et carte du territoire Maya

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Le territoire Maya (400 000 km2) s’étend sur les états actuels du Guatemala, du Belize, une partie du Mexique (états du Yucatan, du Campèche, du Quintana Roo et du Chiapas), une partie du Salvador et du Honduras.

Classiquement, il se subdivise en trois grandes régions :

- les Hautes Terres : au relief montagneux et climat tempéré, elles joueront un rôle prépondérant au Pré-classique,

- les Basses Terres du Sud : recouvertes d’une forêt tropicale dense et humide, elles seront le cœur de la civilisation Classique,

- les Basses Terres du Nord : dépourvues de cours d’eau, recouvertes d’une végétation éparse et au climat sec, elles connaîtront leur apogée au Postclassique.

 

Les 3 grandes périodes de la civilisation Maya

L’histoire de la civilisation maya est classiquement découpée en trois grandes périodes :

- Pré-classique de -600 à +300 : la formation (Kaminaljuyù, Uaxactùn, Izapa, …),

- Classique de 300 à 900 : l’apogée (Copán, Tikal, Palenque, Uxmal, Bonampak, …),

- Postclassique de 900 à 1500 : le déclin (Chichen Itza, Tulum, Mayapán, …).

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Les premiers peuplements mayas connus se situent dans l’actuel Belize vers 1000 av.J.C. Entre 600 et 500 av ;J.C., ils s’installent dans une région comprise entre le Mexique et le Guatemala. C’est là, dans cette région à la végétation dévorante, où tout semblait hostile à l’homme que vont surgir les plus belles cités : Tikal et Palenque qui connaissent leur apogée entre 300 et 900.

Mais ce défi à la nature devait avoir une fin au IXème siècle lorsque les grand centres sont abandonnés pour le Yucatan et les cités de Chichen Itza et Uxmal. Plusieurs causes ont été évoquées pour expliquer cette migration : changement climatique, guerres intestines, épuisement du sol, lassitude des paysans à lutter contre l’emprise de la forêt.

A la fin du Xème siècle, les vestiges de la civilisation maya sont largement fécondés par l’apport culturel des Toltèques récemment arrivés.

Vers la fin du XIIème siècle, des querelles intestines entraînent la décadence de Chichen Itza. La dernière cité maya indépendante tombera aux mains des espagnols en 1697.

Influence des civilisations voisines

Avant de disparaître, la civilisation olmèque influença les autres civilisations mésoaméricaines : les Zapotèques de Monte Alban, la civilisation de Teotihuacan, les Toltèques de Tula et finalement les Aztèques.

Les mayas empruntèrent aux Olmèques le calendrier long, l’écriture avec des glyphes et les principes de base de leur religion. Ils furent également influencés par Teotihuacan qui contrôla les hautes terres du Mexique du Ier au VIIème siècles.

Après un âge d’or de près de cinq siècles (300 à 900), la civilisation maya déclina avant d’être fécondée par l’arrivée les Toltèques, chassés de Tula vers la fin du Xème siècle.

Organisation sociale et politique des Mayas

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Pas de pouvoir politique centralisé chez les mayas, ils étaient organisés en états-cités autonomes collaborant souvent, s’entre-combattant parfois. Au centre de la cité, les temples, monastères, observatoires astronomiques et palais sont organisés autour de vastes places. Les habitations individuelles sont éparpillées dans les faubourgs. Les plus grandes villes regroupent 200 000 à 300 000 personnes.

L’organisation politique est de type « monarchie héréditaire » : la cité est gouvernée par le halac vinic qui dispose des pouvoirs religieux, militaires et civils.

Il choisit, au sein d’une classe aristocratique héréditaire, les batabs (chefs locaux, responsables de bourgs ou de villages) chargés de percevoir les redevances et de veiller à l’exécution des ordres (prescriptions d’écobuage, par exemple). Les batabs et leurs proches forment la couche supérieure de la société : la noblesse.

Le clergé constitue également une classe nombreuse. Les prêtres (Ah Kin) se succèdent de père en fils. Leur responsabilité couvre de nombreux domaines : écriture, chronologie, almanach sacré, médecine, organisation des cérémonies, éducation des futurs prêtres …

La classe des prêtres et des nobles est chargé de pourvoir à la nourriture quotidienne des divinités soit par l’auto-sacrifice, soit par la fourniture de victimes humaines, essentiellement des prisonniers de guerre.

La guerre possède donc une fonction sociale précise : l’approvisionnement en victimes pour les sacrifices.

En bas de l’échelle, le peuple est chargé de pourvoir aux besoins des classes non productives : alimentation, habillement, main d’œuvre pour les travaux publics. Pour cela, ils ne disposent que d’outils en pierre ou en bois ; ils ne connaissent ni le métal, ni la traction animale, ni la roue.

Les esclaves (délinquants de droit commun, prisonniers) constituent une classe à part. C’est souvent parmi eux qu’on cherche les victimes sacrificielles.

Le maïs, source de vie pour la civilisation Maya

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Le maïs était cultivé selon le système du milpa (écobuage) : en avril, la végétation desséchée est brûlée ; en mai, avec l’arrivée des pluies, les paysans divisent leur champ en quatre parcelles et y répartissent les graines de maïs pour obtenir quatre récoltes en août, octobre, décembre et mars.

Quinze hectares et une cinquantaine de jours de travail sont nécessaires au paysan maya pour nourrir sa famille (10 personnes) pendant un an ; le reste du temps est consacré à entretenir les prêtres et les guerriers déchargés de travaux manuels.

Les Mayas et la religion : les dieux Mayas

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Itzamna 

Itzamna , fils de Hunab, dieu du ciel, de la nuit et du jour a donné aux hommes l’écriture et le calendrier.

Il est représenté sous les traits d’un vieillard aux joues creuses, au nez busqué et proéminent.

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Chac 

Chac , dieu de la pluie, du vent, du tonnerre et de la foudre, et par extension de la fertiilté et de l’agriculture.

Il est représenté avec une longue trompe et deux défenses se recourbant en bas de sa bouche .

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Yumtaax 

Yumtaax , dieu du maïs et de l’agriculture.

Il est représenté comme un jeune homme avec la tête ornée d’un épis de maïs.

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Ah Puch

Ah Puch , dieu de la mort.

Représenté par un squelette ou un cadavre boursouflé , il est souvent associé à Ah Katun, le dieu de la guerre.

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Ek Chuah

Ek Chuah , dieu de la guerre.

Représenté avec un cercle noir autour de son oeil et sur sa joue, il est souvent accompagné du dieu de la mort Ah Puch.

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Xaman Ek

Xaman Ek , dieu de l’étoile polaire, guide et protecteur des marchands.

Il est représenté avec un nez retroussé et des inscriptions noires particulières sur la tête.

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Buluc Chabtan

Buluc Chabtan , dieu de la mort soudaine et du sacrifice

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Ix Chel 

Ix Chel , déesse des inondations et des orages, épouse d’Itzamna.

Elle est représentée par une vieille femme qui déverse sa fiole de méchanceté sur la terre.

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Ix Tab

Ix Tab , déesse du suicide.

Elle est représentée suspendu au ciel par une corde nouée autour de son cou.

Écriture, numération et calendrier Maya

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Les Mayas sont le seul peuple du continent américain à avoir développé une écriture. Leurs livres, les codex, étaient faits de longues bandes de papier d’écorce pliées en accordéon et recouvertes d’une fine couche de chaux.

Les trente langues parlées de nos jours par les six millions de mayas dérivent de la même langue proto maya ancienne de 7000 ans !

Cette évolution implique que les mayas partagent probablement une très ancienne souche génétique commune. Cette situation est très différente de celle des peuples guerriers Aztèques et Incas qui envahirent leurs voisins et en absorbèrent les populations en imposant leurs langage, coutumes et religion.

Les Mayas ont créé une numération de base 20 adaptée au comptage du temps : 0, 20, 400, 8 000, 160 000, … (au lieu de 0, 10, 100, 1 000, … dans notre système décimal).

Ce système vicésimal était également utilisé par les Gaulois et les Basques. Pour les calculs, ils n’utilisent pas les glyphes, mais des signes très simples :  La coquille pour le zéro. Le point pour une unité. Le tiret pour cinq unités.

Les nombres de 0 à 19

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Tout nombre supérieur à 20 s’écrit sur une colonne verticale en le décomposant en une somme de puissances de 20. Le 2ème étage est un multiple de 20, le 3ème étage est un multiple de 400 (20×20), le 4ème étage est un multiple de 8000 (20x20x20), …

Le calendrier Maya

Les Mayas suivent un cycle calendaire de 52 années, lui-même issu de deux cycles : le Haab et le Tzolkin, fonctionnant simultanément, mais indépendamment l’un de l’autre.

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Dans le Tzolkin ou cercle sacré, 20 noms de jours (roue droite) se combinent avec 13 nombres (roue gauche) pour former une année de 260 jours aux dénominations précises (par exemple 2 Ik).

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Le Haab (roue droite) se compose de 365 jours, 18 mois de 20 jours plus 5 jours néfastes ajoutés à la fin.

La date du 13 Ahau – 18 Cumku a deux noms qui se combinent ensemble : 13 Ahau (cycle Tzolkin) et 18 Cumku (cycle Haab). Du fait de la longueur différente des deux cycles, on ne retrouve cette combinaison que tous les 52 ans (le cycle calendaire).

Les points et traits indiquent les jours du mois et le glyphe donne le nom du mois.

Pour les périodes dépassant 52 années, ils utilisent un système différent appelé « Compte long » et des cycles de 5200 tuns (1 tun = 360 jours). Le cycle actuel, dans lequel est compris toute l’histoire des Mayas, a débuté le 13 août 3114 av.J.C. Le compte long se compose de baktuns (400 tuns), de katuns (20 tuns), de tuns (360 jours), de uinals (20 jours) et de kins (jours).

Une date en compte long s’écrit par exemple : 9.13.17.15.12 5 Eb 15 Mac pour 9 baktuns (9x400x360 jours), 13 katuns (13x20x360 jours), 17 tuns (17×360 jours), 15 uinals (15×20 jours) et 12 kins (12 jours), 5 eb (date de Tzolkin) 15 mac (date de Haab). Le 8.14.3.1.12 1 Eb 0 Yaxkin donne le 17 septembre 320 : 32ème jour (20+12) de la 3484ème année (8×400 + 14×20 + 3) de l’ère maya ; ce jour tombant le 1 eb dans le Tzolkin et le mois de Yaxkin étant installé dans le Haab de 365 jours ce jour là.

Les découvreurs des sites mayas

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Diego de Landa , franciscain débarqué en 1535 et futur évêque du Yucatan, est le premier à décrire les cités en ruines dans sa Relation des choses du Yucatan découverte en 1864.

Juán Galindo quitte son Irlande natale pour l’Amérique à l’âge de seize ans ; devenu gouverneur du Petén, il découvre Copán en 1834.

Jean-Frédéric Waldeck (1766-1875) découvre Palenque en 1832 ; alors âgé de 60 ans, il va passer toute l’année à dessiner les monuments de Palenque.

A sa mort, à 110 ans, il laisse une oeuvre abondante, en particulier 56 lithographies qui illustrent le texte de Brasseur de Bourbourg, Monuments anciens du Mexique.

John-Lloyd Stephens (1805-1853), diplomate américain, visite Copán, Quiiriguá, Palenque et Uxmal à la fin des années 1830 en compagnie de Frederick Catherwood , architecte anglais et fabuleux dessinateur. Les crayons et les pinceaux de Catherwood immortaliseront des pyramides dévorées par la forêt, des stèles montant une garde inquiétante silencieuse, des façades croulant sous des décors en mosaïque de pierres… Les Mayas sortent de l’ombre, reprennent vie, passionnent bientôt la communauté scientifique. On les trouve comme pétrifiés dans l’écrin de la forêt tropicale, endormis dans des siècles d’abandon.

Alfred Maudslay (1850-1931), archéologue britannique et l’un des premiers européens à étudier les ruines Maya.

Téobert Maler (1842-1917), archéologue allemand, complète l’oeuvre de Maudslay en réalisant des photos qui font encore référence de nos jours.

Désiré Charnay (1828-1915), archéologue, photographe et écrivain, est l’un des grands explorateurs français du XIXème siècle. De ses voyages au Mexique entre 1857 et 1886, il ramènera de nombreuses photos et récits de voyage. Il est le premier à photographier les sites mayas en 1859.

Les principales fouilles seront conduites ensuite par la Carnegie Institution de Washnigton (1914-1958) et par l’Université de Pennsylvanie (1956-1970).

Les mayas d’aujourd’hui

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Six millions de personnes parlent aujourd’hui l’une des 28 langues mayas réparties au sein de 9 grandes familles parmi lesquelles les Quichés (1 million) et Yucatèques (800 000) sont les plus nombreux alors que les Lacandons ne sont plus que quelques centaines.

Ce sont en grande majorité des paysans vivant dans des communautés villageoises et des hameaux ruraux, même si un nombre croissant d’entre eux va grossir les populations urbaines ou péri-urbaines. Ils s’expatrient aussi en quête de travail ou pour fuir les répressions (Floride, Californie, …).

Si on regarde une carte politique de la région on constatera que les méandres du Rio Usumacinta viennent rompre la rugueur du tracé orthogonal des limites entre le Mexique et le Guatemala. Une ligne droite nord-sud sépare le Belize et le Guatemala – ligne continue pour les Bélizéens et discontinue pour les Guatémaltèques – qui n’ont jamais vraiment entériné la marchandage des Caraïbes entre Espagnols et Anglais. Au Mexique, nation fédérée, la monotone péninsule du Yucatan est découpée en trois états comme un gateau d’anniversaire. La carte ne trompe pas : l’entité maya fut le cadet des souçi des colonisateurs. Plusieurs groupes mayas se sont vus ainsi morcelés : Mopan, Itza et Kekchi à cheval entre Belize et Guatemala, Chorti entre Guatemala et Honduras, Chuj, Tojolabal, Mam, Motozintlec et Jocaltec entre Mexique et Guatemala.

 

Les mayas sur internet

La civilisation perdue des bâtisseurs mayas, Les Cahiers de Science&Vie T 02281.

Le Mystère des Mayas par le musée canadien des civilisations.

Mythologie of the Mayas par l’University Corporation for Atmospheric Research (UCAR).