Chapitre 2 : EQUILIBRE ET COMPTABILITE MACROECONOMIQUE

2. Le circuit économique

L'équilibre macroéconomique requiert une situation stable sur les quatre marchés évoqués dans la section précédente. Toutefois, le marché du travail n'est généralement pas équilibré du fait de la rigidité des salaires. On s'intéresse ici à l'équilibre sur le marché des biens et services, qui débouche sur la détermination du produit national d'équilibre.

Définissons donc ce qu'on entend par équilibre macroéconomique : il s'agit en fait du niveau d'activité (mesuré par le produit national) compatible avec les décisions des agents économiques. Pour bien comprendre la macroéconomie, il faut accepter les deux grands principes qui sous-tendent cet équilibre. Nous allons présenter ces deux principes.

2.1. Les principes de l'équilibre macroéconomique

Ils s'énoncent comme suit :

1° A l'équilibre macroéconomique, tout ce qui est produit dans l'économie nationale fait l'objet d'une dépense s'adressant aux firmes nationales.

On a donc l'égalité entre la dépense nationale et la production nationale sur le marché des biens et services. On verra plus loin que cette égalité n'implique pas forcément la réalisation d'équilibre sur les autres marchés (ex : l'offre de travail sera généralement différente de la demande de travail).

2° Toute production se décompose en revenu.

Le secteur des entreprises est au centre de ce second principe. Les ménages leur fournissent le travail ainsi que les fonds nécessaires à l'achat de matériel productif. En contrepartie, les entreprises distribuent la grande partie des revenus aux ménages. La véritable contribution de la firme à la production nationale n'est pas le chiffre d'affaire mais bien la valeur ajoutée, c'est-à-dire la différence entre le chiffre d'affaire et les achats intermédiaires (matières premières). Et cette VA sert à rémunérer les facteurs de production qui l'ont généré.

Mise en équation des deux principes :

Le premier principe stipule l'égalité entre la production nationale et la dépense qui s'adresse aux firmes nationales. Cette dépense est la somme des dépenses des différents agents nationaux, plus les dépenses des agents étrangers, moins les dépenses des agents nationaux adressées aux firmes étrangères. On a

Y = C + I + G + X – Z

Le second principe stipule l'égalité entre la production nationale et les revenus versés aux ménages. Mais ces revenus peuvent recevoir trois affectations possibles : ils peuvent être consommés, épargnés, ou utilisés pour le paiement des impôts nets. On a donc

Y = C + S + T

En utilisant ces deux équations, on dégage l'identité synthétique de l'équilibre macroéconomique :

Y – C = I + G + X – Z

 (S – I) + (T – G) = (X – Z)

Y – C = S + T

Le premier terme (S - I) est l'épargne nette du secteur privé

Le second terme (T - G) est l'épargne publique

Le troisième terme est le solde extérieur appelé la « balance des paiements ».

L'identité synthétique peut s'interpréter comme suit : lorsque l'épargne nationale est positive, la nation octroie un prêt au reste du monde qui peut donc acheter plus que ce qu'il ne vend : on exporte donc plus que ce qu'on importe (X > Z) de sorte que le pays connaît un surplus de sa balance des paiements. Lorsque l'épargne nationale est négative, on dépense plus que ce qu'on produit : il faut importer plus que ce qu'on exporte (X < Z) et la balance des paiements est en déficit.

2.2. Les identités comptables

Introduisons quelques notations pour comprendre ces deux grands principes. On note

Y : la production nationale. C'est aussi, en vertu du second principe, le revenu total distribué dans la nation ;

C : la consommation des ménages. Elle constitue une partie importante des dépenses effectuées dans la nation ;

S : l'épargne des ménages. C'est la partie du revenu net des ménages qui n'est pas consommée.

T : les impôts nets payés à l'Etat. C'est la différence entre les impôts payés à l'Etat par les agents privés (firmes ou ménages) et les transferts versés par l'Etat aux firmes et ménages.

I : l'investissement national. Il constitue aussi une partie des dépenses effectuées dans la nation. On décompose généralement l'investissement en trois parties :

- l'investissement en capital fixe ou investissement net : achats en capital physique des entreprises

(Bâtiments, machines, ...)

-Les variations des stocks ; ce sont les produits non-utilisés ou non invendus par les firmes ils sont considérés comme investissement au sens ou les entreprises immobilisent ainsi des valeurs de la même manière que lors de l'achat de machines.

-L'investissement résidentiel ; il s'agit des dépenses relatives a la construction pour les ménages, de nouveaux immeubles d'habitation.

X : les exportations de biens et services vers l'étranger. Ce sont les achats effectués par les agents étrangers qui s'adressent aux firmes nationales ;

Z : les importations de biens et services de l'étranger. Ce sont les achats effectués par les agents nationaux qui s'adressent aux firmes étrangères

2.3 Le circuit simplifié :

Supposons une économie simplifiée sans relation avec l'extérieur (économie fermée) et sans gouvernement. Il s'ensuit X = Z = T = G = 0. Il n'y a que deux acteurs dans l'économie : firmes et ménages. L'identité synthétique nous dit alors que l'équilibre macroéconomique est atteint lorsque

S – I = 0, ou S = I.

2.4. Le circuit complet

Introduisons maintenant le Gouvernement et le reste du monde. L'Etat perçoit des impôts nets et participe à la dépense nationale via les dépenses publiques. Le reste du monde intervient

via les importations et les exportations. La seule différence par rapport au circuit simplifié est qu'il y a maintenant plusieurs fuites et plusieurs injections. Le schéma suivant illustre cela en représentant uniquement les flux financiers.

Partons toujours des entreprises : celles-ci distribuent le revenu brut aux ménages (Y), propriétaires des facteurs de production. Une partie de ces revenus est taxée (T) par l'Etat et sort du circuit (1ère fuite). Les ménages consomment une partie de leur revenu et épargne le reste : c'est la seconde fuite du circuit. Heureusement, deux injections viennent compenser ces fuites : les dépenses publiques et les dépenses d'investissement. A ce moment, l'agrégat

C+I+G mesure la somme des dépenses effectuées par les agents économiques nationaux : on l'appelle l'ABSORPTION. Une partie de l'absorption porte sur des biens importés : c'est la troisième fuite du circuit. L'injection qui vient compenser cette fuite est la dépense des étrangers qui s'adresse aux firmes nationales, les exportations.

L'équilibre est atteint lorsque la somme des fuites du circuit est égale à la somme des injections. Dans ce cas, tout le revenu distribué par les entreprises revient sous forme de dépenses :

T + S + Z = G + I + X

Ce qui est équivalent à la condition dégagée précédemment : (S – I) + (T – G) = (X – Z).

La science économique traite des faits économiques en vue de les comprendre et de les interpréter. Dans une économie monétaire, ou de marchés, les transactions économiques sont nombreuses et diverses. Afin d'avoir une image la plus fidèle possible de la réalité, les économistes doivent disposer de statistiques fiables sur l'état de l'économie nationale ou internationale.

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