Cours en ligne N°5

Université ABOU BEKR BELKAID Tlemcen            Faculté des sciences humaines et des sociales

Département des sciences sociales                                                                    Filière : Anthropologie

Cours de Français en ligne

Destinés aux étudiants de Master1 Anthropologie sociale et culturelle

(2ème semestre)

Cours N°5

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 L’ethnologue peut s’appuyer sur les travaux de ses collègues ayant travaillé chez des populations voisines, ou dans la même grande région, pour comparer ses découvertes à celles qu’eux-mêmes avaient pu établir. Là encore, cette tâche est assez difficile pour occuper toute une vie! Mais, toujours mû par le « goût des autres», notre ethnologue peut encore emprunter une autre voie, en utilisant ses travaux ou ses lectures pour réfléchir à des questions beaucoup plus larges, touchant par exemple à la recherche d’universaux et, interrogeant les conceptions prévalant dans sa propre culture, il se fait alors anthropologue.

Il se demandera, par exemple, si telle pratique observée sur son terrain d’enquête est spécifique au groupe qui l’avait accueilli, si elle caractérise un ensemble de peuples parlant des langues apparentées, ou s’il est possible de la retrouver partout où on la recherche. Il pratique ainsi un véritable décentrement, et s’entraîne à regarder sa propre culture avec le «regard éloigné» cher à Claude Lévi-Strauss, à ceci près que, de nos jours, le brassage mondial des populations est devenu tel que le voyage n’est plus la condition nécessaire au décentrement du regard.

Cette démarche peut conduire l’anthropologue à remettre en cause des concepts qui nous semblent des plus « naturels», comme l’opposition entre nature et culture, entre sauvage et domestique, ainsi que le démontre Philipe Descola, car ces notions-là «résistent» à la traduction quand on passe d’une culture à une autre. Nous avons vu que «religion » est l’un de ces «intraduisibles» pour lesquels il est pratiquement impossible de trouver des équivalents exacts quand on voyage en langues, et Barbara Cassin en a débusqué bien d’autres, qui sont parfois simples comme… « bonjour».

Considérable est l’enjeu d’une attention particulière apportée à ces termes et à leurs différentes acceptions d’une langue à l’autre, au delà des faux-amis. Cela peut conduire, par exemple, à reconsidérer complètement notre approche de l’écologie. Autre entreprise de traduction encore, celle qui fait connaître les généalogies, rêves, souvenirs, fables, contes et légendes collectés par l’ethnologue au fil de ses enquêtes. Parmi ces histoires, certaines exposent des origines tout en justifiant l’ordre des choses. Les mythologues, qui les étudient plus particulièrement, distinguent différents types de mythes: cosmogoniques, qui nous disent l’origine du monde; anthropogoniques, sur l’origine des humains; ethnogoniques, sur celle des peuples; sociogoniques, sur celle des sociétés; étiologiques, justifiant mille détails du monde naturel, comme la forme effilée des feuilles de telle plante, ou la queue minuscule de tel animal.

Ces récits ont longtemps «embarrassé les savants»  auxquels ils paraissaient illogiques, préscientifiques ou même prélogiques, témoignant en tout cas d’une pensée irrationnelle. Bernard Sergent montre qu’il n’en est rien, et qu’une approche méthodique de ces histoires est possible grâce à l’outil de base de l’anthropologue.

 

Questions :

1-     Donnez un titre au texte ?

2-     Quelle est l’idée générale du texte ?

3-     Selon ce texte que peut faire un ethnologue ?

4-     Quel est le sens d’un décentrement chez un ethnologue ?

5-     Comment un ethnologue peut-il se faire anthropologue selon le texte ?

6-     Trouvez dans le texte le synonyme de : fusion – particulière – filiations – sources – farouche.

7-     Donnez l’antonyme des mots soulignés dans le texte ?

8-     Traduisez les deux premiers paragraphes en langue arabe ?